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À la demande de certain (sans s, parce qu'en faite c'est une personne !) j'ouvre un sujet concerant les paroles de "Bück dich".

 

 

Chanson qui, a priori, ne présente aucun sens caché, « Bück dich » ne semble pas mériter un commentaire. Toutefois certains éléments ont un sens qui m'échappe encore. Ainsi, je propose ici un commentaire afin d'ouvrir une discussion.

 

Narration d'un acte sexuel, cette chanson présente sans détour une relation dominant/dominé dès le premier couplet. Le narrateur est le dominant, il s'adresse à son/sa partenaire sur le mode impératif : « Penche-toi, je te l'ordonne ». Dès le second vers on peut ressentir un certain malaise puisque le narrateur ne veut pas voir le visage de l'autre, il insiste sur cet aspect puisque la même chose est répétée successivement à deux reprises : « Et détourne ton visage de ma vue / Je me fiche de ton visage ». Comment interpréter ceci ? À la lumière de la thématique de l'album, on peut lire cet acte comme la volonté de retrouver une jouissance passée et perdue. Ainsi on retrouve dans « Büch dich » les deux sens du mot Sehnsucht, à la fois désir et mélancolie.

 

On remarque que pour les deux couplets centraux, le narrateur ne s'adresse plus à son/sa partenaire, mais qu'il se concentre sur la description de ce qu'il ressent. Ceci va dans le sens de l'interprétation que je viens d'évoquer, la volonté de ressentir à nouveau un plaisir sexuel éprouvé autrefois.

 

Les trois premiers vers de ce couplet décrivent la relation presque sadomasochiste : le narrateur veut que l'autre ne soit plus un être humain, mais un animal : « Un bipède sur ses quatre pattes / Je l'emmène faire sa promenade / À l'amble, le long du couloir ». En traitant son partenaire ainsi il veut absolument oublier l'identité, le privé d'humanité pour atteindre un plaisir personnel. Mais on sait déjà qu'il n'y parviendra pas : « Je suis déçu ».

C'est à partir de ce moment que je ne suis pas vraiment sûre de mon interprétation et qu'elle mérite d'être discutée. Cette simple phrase, « Je suis déçu » semble avoir un sens très concret, que l'on peut deviner en interprétant les deux vers suivant. « À présent il recule vers moi / Du miel reste collé à son porte-jarretelles ». D'après la description, la relation sexuelle n'a pas encore eu lieu, il s'agissait simplement des préliminaire (qui consistent à rabaisser l'autre en le traitant comme un animal). Le/la partenaire recule pour passer à l'acte (on l'imagine aisément à quatre pattes devant le narrateur). Que représente le « miel [resté] collé au porte-jarretelles » ? Il s'agit du sperme. Ainsi le « je suis déçu » répété deux fois dans ce couplet signifie que la narrateur a éjaculé avant même d'être passé à l'acte.

Ainsi le narrateur ne souhaite pas voir le visage de l'autre parce qu'il a honte.

 

Le troisième couplet montre la honte, et sans doute, au delà, le désespoir du narrateur qui se « met à pleurer ». D'abord, le/la partenaire se tient comme il faut, « Le bipède s'est penché / S'est mis comme il faut à la lumière », et semble attendre la suite. Mais rien ne se passe concrètement car le narrateur « lui montre ce que l'on peut faire » mais est incapable de passer à l'acte, puisque pour lui tout et déjà terminé. Le narrateur est alors désespéré de ne pas maîtriser son corps et pleure. Il ressent alors le désir et la mélancolie de ne pas parvenir à faire l'amour (comme avant). « Le bipède » semble dans l'incompréhension, il s'est tourné, penché, et ne voit pas ce qui se passe, il est donc effrayé, « Il a peur, car je le sens plus mal ». Alors, pour plaire au narrateur « Il essaie de se baisser encore plus » mais rien ne se passe et « Des larmes coulent le long de son dos ».

La chanson se termine par le même couplet qu'il y a au début : cette composition circulaire traduit un éternel recommencement, comme si le problème du narrateur ne pouvait se résoudre, et à défaut de ne pouvoir penser à l'acte il ne peut que répéter « Bück dich ».

 

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J'ai jamais vraiment prêté une oreille fine aux paroles. Je me suis arrêté au mal être du mec qui n'arrive pas à assouvir totalement ses pulsions sexuelles et du coup multiplie les "conquêtes" d'un jour, en n’éprouvant jamais de plaisir, ni de satisfaction. C'est devenu machinal et irrépressible.

Edited by roger keith
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Oui tu n'as pas tort, il y a vraiment un sentiment de désespoir, de désir inassouvi. Dans cette chanson ainsi que dans pas mal d'autres il y a un constat de la "mécanisation" du sexe, qui finalement n'apporte plus de plaisir, mais seulement des angoisses.

Edited by CyrBrennt
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Et si c'étais les premiers pas d'un dominateur qui flippe grave de le faire mais qui en éprouve le besoin (l'obligation) pour se débarrasser d'un malaise; genre une sorte de thérapie ?

Edited by Djulab
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Je ne pense pas qu'on puisse voir cela comme une sorte de "thérapie" dans la mesure où la chanson décrit une sorte de cercle vicieux qui ne semble jamais trouver de fin : le malaise est grandissant et le narrateur ne trouve aucun apaisement...

Je ne suis pas sûre que le malaise vienne de la domination à proprement parler : la problématique ne semble pas être la manière dont il traite son/sa partenaire, mais plutôt du fait qu'il ne parvient pas à atteindre le plaisir qu'il recherche. Je ne pense pas que la peur soit ce que le narrateur éprouve mais vraiment du désespoir. Tout le vocabulaire lié à la peur est attribué au partenaire et non pas au narrateur.

Edited by CyrBrennt
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  • 3 years later...

Encore merci CyrBrennt pour cette analyse qui me semble très pertinente, et qui finalement au delà de l'aspect trivial du sujet nous illustre l'aspect parfois décevant de la sexualité. Quand il a écrit ces paroles, je me demande si Till ne voulait pas en quelque sorte témoigner d'une certaine vacuité ou absurdité des expériences sexuelles euh, disons "exotiques" ...

Je pense que c'est un thème récurrent, le sexe est souvent vu par ses aspects mélancoliques (Sehnsucht par exemple), ou de rapport de force dominant/dominé.

Concernant le malaise, je pense que c'est peut être que le narrateur se rend compte que l'humiliation fantasmée n'est pas source de jouissance, surtout quand son/sa partenaire se prête au jeu volontairement. Je me demande si justement la jouissance fantasmée n'est pas celle du violeur, qui ne jouit que dans le refus de sa victime. Plus de résistance, plus de plaisir ...

Sinon, comme souvent chez R+, il y a des résonances entre ces paroles et celles de Tier, et aussi du clip de Tier, quand on voit le groupe à quatre pattes tenu en laisse comme des chiens. Et aussi la sodomisation dans Tier, en plus de l'inceste ...

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il y a 2 minutes, pascal78000 a dit :

 et aussi du clip de Tier, quand on voit le groupe à quatre pattes tenu en laisse comme des chiens. Et aussi la sodomisation dans Tier, en plus de l'inceste ...

Le clip de Tier ? je ne savais pas qu'il y en avait un ... 

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il y a 7 minutes, pascal78000 a dit :

Sinon, comme souvent chez R+, il y a des résonances entre ces paroles et celles de Tier, et aussi du clip de Tier, quand on voit le groupe à quatre pattes tenu en laisse comme des chiens. Et aussi la sodomisation dans Tier, en plus de l'inceste ...

Tout à fait, on peut même voir je pense dans le live in Azebaïdjan 2003 pendant la mise en scène de Pussy une référence à ce clip avec le dildo géant qui crache de la mousse, comme une forme de domination du groupe sur le public, mais aussi au clip de Feuerräder récemment sorti des archives dans le Lichtspielhaus 2016 où les thématiques abordées dans les paroles sont très similaires et aussi dans l'esthétique du clip notamment quand Till enflamme les roues de sa voiture pour écraser Flake, où les paroles de la chanson prennent une tournure qui reste dans le domaine du SM avec la souffrance mais mis en scène d'une manière très différente de ce qu'on aurait initialement pu imaginer en lisant les paroles.

Edited by Buffalo Biffle
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il y a 53 minutes, Buffalo Biffle a dit :

Tout à fait, on peut même voir je pense dans le live in Azebaïdjan 2003 pendant la mise en scène de Pussy une référence à ce clip avec le dildo géant qui crache de la mousse, comme une forme de domination du groupe sur le public, mais aussi au clip de Feuerräder récemment sorti des archives dans le Lichtspielhaus 2016 où les thématiques abordées dans les paroles sont très similaires et aussi dans l'esthétique du clip notamment quand Till enflamme les roues de sa voiture pour écraser Flake, où les paroles de la chanson prennent une tournure qui reste dans le domaine du SM avec la souffrance mais mis en scène d'une manière très différente de ce qu'on aurait initialement pu imaginer en lisant les paroles.

 

N'oublie pas de citer la version 2017 de Mein Teil, puisque comme on le sait depuis quelques jours déjà, Flake ne jouera plus dans un chaudron géant, mais dans un appareil à raclette géant. Comment ne pas faire de comparaison entre, d'un côté, ce rapport dominant/dominé, et de l'autre, le rapport fromage/charcuterie. Egalement, il semble évident que dans cette mise en scène, le poêlon que brandit Till n'est rien d'autre qu'une allégorie de l'appareil reproducteur masculin, l'appareil à raclette se retrouvant donc, sans le moindre doute, une image du sexe féminin. Mettre son poêlon dans l'appareil serait donc une métaphore de l'acte sexuelle ? J'en suis convaincu, d'autant qu'il est évident que le fait de retirer le poêlon et étaler le fromage liquide sur la charcuterie est en fait la représentation imagée que Lindemann nous livre du "grand final"...

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