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À la première lecture de « Führe mich » nous pouvons pensé que Lindemann a décrit un relation amoureuse passionnelle, une véritable déclaration. Toutefois, en examinant le vocabulaire et la composition textuelle de plus près, le texte décrit quelque chose de beaucoup plus toxique. Je dois avouer que cette chanson est l'une de mes préférées et que je souhaitais la commenter depuis longtemps. Je ne l'ai pas fait jusqu'à présent, parce que quelque chose m'échappais et je crois désormais avoir compris le sens du texte. Ce n'est pas une révélation soudaine ! Je suis allée voir le film de Lars Von Trier, Nymphomaniac, et je me suis demandée pourquoi « Führe mich » avait été choisie (hormis le fait que la musique colle tout à fait). J'ose croire que le choix a également été fait par rapport au texte. Après une semaine de réflexion, voici une proposition de commentaire.

 

Le texte est articulé autour des deux pronoms « je » et « tu », le narrateur s'exprime à la première personne et s'adresse à un autre, très proche de lui : « Tu es implanté dans mon cœur / […] / Ton cœur est attaché à moi ». Cette image de deux cœurs rattachés l'un à l'autre peut être prise au sens figuré et évoquer une relation passionnelle. Toutefois il semblerait qu'il soit plus juste de prendre cette image au sens propre. « Quand je saigne tu as mal / […] / Rien ne peux nous séparer […] / Et quand je parle tu te tais ». Les deux êtres dépendent du même corps, et cette proximité est une véritable dépendance : « Tu mourras quand je le voudrais ».

 

En plus de ce parallèle autour du « je » et de « toi », le texte se compose autour de l'unicité, « un » et du double, « deux ». Bon nombre de vers jouent autour de ce thème : « Un corps deux noms / […] / Deux images, juste un cadre / Un corps mais deux noms / Deux mèches, une bougie / Deux âmes un seul coeur ». Ainsi le texte montre un personnage atteint d'une psychose, une personnalité multiple. Il n'y a pas deux personnages, bien un seul, et le dialogue se constitue entre les deux personnalités : « Deux âmes sous-tendent une peau ».

 

Il y a une véritable subtilité de changement entre les deux personnalités soulignées par le jeux du moi et de l'autre. On notera le dédoublement de voix dans le deuxième couplet (qui n'apparait pas à l'écrit mais bien à l'écoute de la chanson) ainsi que le dialogue qui se créé dans le second et troisième refrain. Comme si la personnalité secondaire prenait le dessus sur la principale. Ce glissement entre les deux personnalités et leurs prises de paroles et aussi mis en exergue par le paradoxe entre les éléments positifs et négatifs : « Quand tu pleures je vais bien / La main de ta peur / Nourrit mon sang […] / Si tu pleurs je t'offrirai / Les enfants de la peur / Mes larmes ». Si les deux ne peuvent pas exister l'un sans l'autre, ils ont aussi des pulsion négatives et violentes, l'autre devient insupportable. On notera également le vocabulaire de la peur qui revient à plusieurs reprises. La peur est liée à l'inconnue, au fait de devoir apprivoiser l'autre qu'on ne connais pas : « Nous devons nous connaître » affirme l'un dès les premières paroles, comme un besoin indispensable à la survie.

 

Si le film Nymphomaniac m'a aidé à comprendre le texte ce n'est pas parce que l'héroïne, Joe, a un dédoublement de personnalité comme c'est le cas du (des) narrateur(s) dans « Führe mich ». Toutefois Joe parvient à avoir du recul sur sa propre vie, son propre comportement : à la fois elle fait son autobiographie pour montrer à quel point elle a été une « mauvaise personne » et d'un autre côté elle se justifie et montre à quel point elle est humaine. Ainsi, si Lindemann pousse (comme toujours) à l'extrême les sentiments, le comportements et la psychologie humaine, il montre quelque chose qui nous touche tous : nous sommes plusieurs nous même. Paradoxalement nous défendons notre fierté tout en étant capable de recul et de condamner nos propre actes.

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  • 7 years later...

Je vais péter un câble sur la config smartphone du forum, tu misclicks ton pavé est à retaper. C/C from LO incoming.

 

Similaire à une sorte de « dialogue », la chanson Führe mich parle du rapport entre Till Lindemann, l’individu, et Till, le personnage scénique.

 

 

B interprète le texte des couplets. A est la voix plaintive du refrain.

B  « quand tu pleures, je vais bien » « Si tu pleures, je t’offrirai les enfants de la peur, mes larmes »

 

→ Le personnage scénique (B) se nourrit des états d’âmes de l’individu (A) ; ainsi, lorsque A subi la vie, cela lui donne de l’inspiration pour les textes portés par B.

 

« Ton coeur est attaché à moi » / « quand je parle tu te tais » « tu mourras quand je le voudrais »

→ B n’est pas un simple personnage mais un besoin vital pour extérioriser les démons de A. Sans B, A se serait déjà Ctrl suppr.

 

 

Cette dichotomie entre A et B est visible dans d’autres textes/clips de Lindemann.

 

A a de la chance, il porte le prénom d’une figure guignolesque de la littérature germanique et il en joue. Chacun des membres peut en réalité interpréter un personnage sur scène, être « les membres de Rammstein », et non pas ce qu’ils sont dans la réalité. Ça change de prénom à tour de bras, ça fait genre que ça ne connaît pas les sentiments humains une fois placés sur scène, ça ne communique pas avec le public car ce sont des automates faits pour jouer et rien de plus. C’est probablement leur reconnaissance par le public arrivée à un âge assez tardif qui leur a fait prendre du recul par rapport à leur image, leur donnant l’idée de mettre une frontière nette et salvatrice entre qui ils sont et ce qu’ils font. La fameuse « maturité » liée au fait de ne pas avoir été connus trop jeunes. Ce qui leur permet d’aller toujours plus loin, car ils incarnent autre chose qu’eux-mêmes sur scène.

 Dommage que certains semblent avoir rétropédalé, mais les citations à la JCVD ne se refusent pas.

 

On peut noter qu’à leur montée en popularité, lors du Mutter Tour, les membres de Rammstein ont poussé le délire assez loin en se faisant expulser d’un utérus pendant leur entrée sur scène, déambulant l’air hagard jusqu’à ce que les techniciens leur donnent leurs instruments de musique. Ils sont « nés pour la musique, pour le plaisir de vos oreilles », mais ce ne sont pas les membres eux-mêmes qui parlent-uniquement leurs représentations scéniques. B apparaissait sur scène, inerte, relevé sur un diable par un tecos, comme un simple ustensile.

Le livret morbide accompagnant Mutter les présente comme des types sous formol, sans vie, inutiles, attendant d’être poussés par l’utérus sur cette scène qui leur permettra de prendre vie.

Ces personnages sont les 6 enfants du groupe, unis par les liens du son, sous le collectif qui aurait du s’appeler Milch mais qui s’est fait affubler du nom de Rammstein à cause de la faute d’orthographe qui a fait leur renommée.

 

Cette continuité a perduré pendant le Reise, Reise Tour via leur entrée sur scène, puis s’est progressivement évanouie à mesure que le personnage de B devenait de plus en plus guignolesque-c’est un changement de parti pris, les automates c’était marrant, mais maintenant bienvenus à l’ère du grotesque puissance mille. D’un autre côté, est-ce lié à un changement d’époque, de mentalités, ou à une question d’âge ; faut-il se plaindre de ne plus voir quasi complètement les corps sculpturaux qu’ils avaient pendant leur trentaine, ou accepter l’idée qu’une moumoute rose au final c’est pas le pire quand t’as 50 piges ?

 

 

Le plus évident dans l’existence du personnage de Till étant qu’aucun des faits relatés à la première personne dans Heirate mich, Weisses Fleisch, Hilf mir, Liebe ist für alle da, Zerstören, Puppe, Feuer und Wasser, Zwitter, Stein um Stein etc n’est imputable à la personne de Till Lindemann.

 

B est celui qui meurt dans Ohne dich, celui qui se fait tuer dans Haifisch, c’est ce personnage scénique rendu insupportable et dont tout le monde veut se débarrasser mais qui fini toujours la queue entre les jambes d’une jeune femme-mais ce n’est pas A. C’est Till L’Espiègle, le cadet rousselle allemand, ou plutôt ce petit filou de Bali Balo.

 

Le reste est visible à travers des indices plus ou moins gros :

 

dans le clip de Mutter, on peut apercevoir A nourrir son enfant honteux et caché, B. La tenue vestimentaire et la gestuelle de chacun de ces personnages est importante pour les différencier, ainsi, B est habillé et se comporte de la même façon que le personnage sur scène (cf le Till Hammer). A s’en distingue par sa coupe de cheveux, ses vêtements plus sobres, son attitude de dédain lorsqu’il regarde le monstre qu’il a créée. C’est probablement le regard que porte A sur B en réalité.

On remarque que A nourrit B juste après avoir sombré. A se sert de sa chute mentale pour bâtir le personnage de B. 

B est extrêmement virulent envers sa fameuse mère, B est né des angoisses, de la haine et de la souffrance de A. B est tout ce qu'a besoin de rejeter A, et celui-ci préfère terrer cela dans cette chose qu'il cache dans les égouts. 

Mais si A a besoin de B pour survivre, jusqu'à remonter à la surface lorsque B hurle son nom, le double obscène, n'étant que negativité, ne cherche qu'à détruire A. C'est un cercle vicieux.

Mais quand bien même il rêve de lui enfiler tout son venin, B, dépendant totalement de A, tuer A reviendrait à se tuer lui-même. 

Le clip de Mutter représente un épisode de traversée des Enfers de Till à bord de son bateau, sauvé de justesse grâce au personnage qu'il a inventé pour se décharger de sa peine. Il fait demi tour sans atteindre l'autre rive. 

 

A aimerait bien se débarrasser de B, de ce qu’il lui fait traîner comme casseroles, de cette image débile qu’il a lui-même pondue. A ne dirait pas non à un avortement tardif, ces 6 enfants lui ont coûté cher et lui ont baisé sa liberté.

 

 

Dans le clip de Wer weiss das schon se superposent tour à tour une ancienne diva qui contemple son propre reflet défraîchi, à Till Lindemann-C’est A qui peine à conserver son masque, son personnage, et qui craque complètement en s’apercevant qu’il n’y arrive pas. Le geste de se serrer dans les bras à la fin est une réunion entre A et B. Un petit hug avec son ami imaginaire, les frontières se floutent, les individus se séparent, et ça repart. Show must go on.

 Dans la toute dernière seconde, c’est B qui est face caméra. Si vous faites attention, il semble y avoir eu un cut au moment du gros plan sur le dos, et si l’on a bien eu le temps de voir les cheveux plaqués de Lindemann, laissant apparaître ses golfes dégarnis, on le voit dans la dernière seconde avec ce qui semble être la perruque de la diva.

 

Dans Till the End, A dit explicitement qu’il se sent Till jusqu’à la fin. Malgré le jeu de mot, cette tournure de phrase n’est pas sans importance. La continuité du personnage est entérinée, ce qui tend à s’observer à la vue de la sortie de « Ich hasse Kinder ». On n’en a pas fini avec ces conneries. On va en bouffer, du Till qui se prend des claques, qui meurt, qui drague de la pucelle pour finir dévoré vivant. Est-ce parce que A n’a vraiment rien d’autre à dire, ou est-ce parce qu’au fond, il est accro à B, jsp. D’autres lettres sont peut-être à envisager pour expliquer ses pitreries.

 

« De la main à la bouche » « de ta main, à ma bouche », pour une fois, ce n’est pas la connotation sexuelle qui est cachée. De tes écrits à ma voix. De A à B.

Après un constat sur son moral en berne, on assiste à une vague tentative haletée de A de relativiser sur ses états d’âmes « n’ait pas les yeux plus gros que le ventre, rien ne doit, tout devrait, tout vient, tout vient à la lumière, l’amour vient » avant qu’il n’enchaîne sur une descente fulgurante « l’amour est impossible ». Il conclut en proclamant qu’il sera Till jusqu’à la fin. Qu’il ne pourra pas se départir de son personnage, car c’est lui qui l’aide à aller mieux-mais qu’il n’ira jamais mieux. B n’est qu’un « ustensile », un outil d’extériorisation. Ou est-ce A, au final. Qui est l’outil ?

 

Un jour B plongera dans la Spree et on ne retrouvera plus que son slip flottant sur l’eau. Mais pas maintenant, il a des dos à faire se cambrer. D’ailleurs, si seulement il pouvait biter que tout le monde ne joue pas un rôle face aux caméras, ça lui épargnerait de causer du tort à d’autres.

 

A mourra avec B, mais entre temps, il fusionnera peut-être définitivement avec. Et honnêtement, j’ai d’autres choses à foutre que d’apprécier les carabistouilles potaches de B- mais je reste quand même jusqu’à la fin. Et parce qu’au fond, la demie-molle, ça fait partie du personnage.

 

 

Par contre qu’est-ce que c’est de la merde IHK.

Edited by Guest
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