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Petites remarques sur "Asche zu Asche" ! Bonne lecture (aux éventuels lecteurs…).

 

Le texte de cette chanson est très représentatif du côté provocateur de Rammstein. En effet, Lindemann détourne complètement une thématique religieuse. Le texte évoque très clairement à partir du premier couplet le Nouveau Testament et le martyr du Christ, « Corps chaud / Croix brûlante / Faux jugement / Tombeau froid ». Ce n'est pas l'aspect divin de Jésus qui est mis en avant dans cette première évocation, mais bien son aspect humain, terrestre. En effet, Les adjectifs utilisés ici évoquent des sensations extrêmes et opposées, le « Corps chaud » d'abord accroché à la « Croix brûlante » puis déposé dans une « Tombeau froid ». Ces sensations désagréables (la chaleur et le feu évoquant l'enfer et le froid la mort) sont ici liées à un sentiment d'injustice, un « Faux jugement ». Référence au texte biblique, ces deux mots évoquent le procés du Christ et Pitale qui fait un « mauvais jugement » (Falsches peut à la fois être traduit par « faux » ou « mauvais ») et ne reconnais pas le fils de Dieu.

 

Le second couplet est plus explicite, puisque nous pouvons nous rendre compte que le narrateur de la scène est le Christ lui-même évoquant sa crucifixion : « Sur la croix je suis couché maintenant / Ils m'enfoncent les clous ». Lindemann continu à mettre l'accent non pas sur le symbole de cette scène, mais sur l'aspect concret de celle-ci. Lorsqu'il écrit « Le feu purifie l'âme », je pense qu'il évoque la douleur de ce qui est subit par le narrateur, la phrase prend pour moi le sens de « La douleur purifie l'âme ». Ceci reste dans l'évocation traditionnelle du Christ souffrant le martyr et mourant pour racheter le pécher des hommes. Alors que le Christ est entrain d'agoniser « il ne reste plus que la bouche pleine de / Cendres ». C'est à ce moment que le texte prend le contre pied du message biblique. En effet, il faut ici se demander ce que représentent ces cendres. Je pense que les cendres dans la bouche évoquent le ressentiment, la haine et le besoin de vengeance. Et cette interprétation semble être confirmer dans le couplet suivant.

 

L'enseignement principal du Christ et la ligne de conduite des chrétiens consiste au Pardon. Le Christ est l'image de la compassion, il considère que l'être humain et faillible, mais qu'en se repentant il est digne d'accéder au royaume de Dieu. Un bon chrétien doit faire preuve de compassion, de repentance et doit être capable de se pardonner lui-même mais surtout d'accorder le pardon aux autres (pour preuve, l'épisode de la femme adultère évoqué dans les évangiles : les femmes adultères étaient condamnées à mort par lapidation. Jésus arrive au moment où l'une de ces femmes va pour être lapidée, les hommes sont prêts à lui lancer les pierres qu'il tiennent dans les mains, et il dit : « Que celui qui n'a jamais pécher lance la première pierre ». Alors les hommes arrêtent leurs gestes : nous sommes tous des pécheurs, il faut donc être capable de se pardonner). Lindemann, dans ce troisième couplet, inverse totalement le message biblique et appelle à la vengeance : « Je reviendrai / Dans dix jours / Comme ton ombre / Et je te poursuivrai ».

 

La résurrection du Christ n'est pas ici l'image du personnage prenant sa forme divine, mais il s'accomplie en tant qu'être humain plein de ressentiments, incapable de compassion, ni de pardon : « Secrètement je ressusciterai / Et tu imploreras ma grâce / Alors je me mettrai à genoux sur ton visage / Et j'enfoncerai mon doigt dans la cendre ». Ici le mot « cendre » n'a plus le sens figuré qu'il avait tout à l'heure, mais un sens concret, la cendre est le résultat de ce qu'on a brulé, détruit, le résultat de la vengeance. En ce sens « De cendres en cendres / Et de poussière en poussière » signifie que la haine, la vengeance amènent à la destruction. Pour Lindemann l'humanité n'est capable que de détruire, de réduire en « cendres » et en « poussière ». Cette vision d'une humanité vaine est reprise à la Bible : « Tu nais poussière, tu redeviendra poussière ».

 

L'aspect provocateur de ce texte réside dans le fait que Rammstein reprend l'histoire des évangiles en inversant le sens. La Bible dit : nous sommes tous mortels, voués à la même condition, vivons dans l'amour en pardonnant « à ceux qui nous ont offensé ». Lindemann dit : nous sommes tous mortels, voués à la même condition, alors vivons nos passions jusqu'au bout, réduisons en cendres puisque nous sommes nous-même voués à cet état.

 

 

Référence directe à la religion « Asche zu Asche » exprime le rejet total de Dieu. L'expression d'une forme de nihilisme est une thématique récurante chez Rammstein, notamment dans Herzeleid et Sehnsucht, je l'avais déjà montré dans les quelques mots que j'avais écrit sur « Engel ». Une fois l'existence de Dieu niée, que reste-t-il comme « opium du peuple » ? Le groupe devient pour ses admirateurs une divinité, Rammstein, une religion à suivre (cet aspect est très bien évoqué dans « Ein Lied » et « Rammlied »). 

Edited by CyrBrennt
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